Page:Vasari - Vies des peintres - t5 t6, 1841.djvu/580

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haute, y perd subitement la liberté d’action et y abdique ses allures ordinaires, renonçant ainsi à comprendre, et partant à expliquer ce qu’en définitive il sent le mieux. C’est à la façon de ces idées, et autant qu’une œuvre mortelle le comporte, que la vue des œuvres d’Andrea nous subjugue et nous fascine. Et qu’on ne croie pas qu’un œil plus exercé, plus savant que l’œil du vulgaire, puisse pénétrer davantage dans les secrets de la magique unité des œuvres d’Andrea pour en décomposer la splendeur, et en mieux supporter l’éclat. Demandez à la théorie la plus intelligente, à la pratique la plus aguerrie, par quel bout la critique peut déchirer ce tissu, par quel endroit l’attention peut entamer cet ensemble sans soudure. Elles vous diront comme nous que l’artiste, que l’ouvrier dont les regards cherchent partout avec tant d’avidité la solution des problèmes qu’impliquent les productions de l’art, que l’artiste, que l’ouvrier, curieux de cette jouissance mêlée d’envie qu’ils éprouvent à voir une difficulté surmontée par un travailleur quel qu’il soit, se trouveront infailliblement désappointés s’ils ont prétendu suivre de l’œil celui-là. Personne ne vous expliquera donc, surtout aujourd’hui, la marche progressive et la structure en quelque sorte scientifique de ces œuvres sans erreurs, c’est-à-dire sans faiblesses, c’est-à-dire sans alliage, Mais il y a plus : ce qu’on ne peut pas réussir à faire devant les œuvres d’Andrea, le véritable artiste ! se complaît à ne pas le tenter. Plus le peintre s’ar