Page:Vasari - Vies des peintres - t5 t6, 1841.djvu/657

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Il voulut être enterré à la Ritonda, près de son maître Raphaël d’Urbin, afin de n’être pas séparé, après sa mort, de celui qu’il n’avait jamais cessé de révérer durant toute sa vie. Comme ils furent l’un et l’autre d’excellents chrétiens, ainsi que nous l’avons dit, on peut croire qu’ils se trouvent ensemble dans le royaume des cieux (7).


Jean d’Udine, quoi qu’en puisse faire préjuger notre auteur, est un maître de l’école vénitienne, et un de ses maîtres les plus importants. Le genre dans lequel il s’exerça, et pour lequel les habitudes de son enfance et ses goûts constants le disposèrent si heureusement, se conciliait heureusement avec toutes les tendances et toutes les affections de son école natale. Or, ce genre, tout secondaire qu’il puisse paraître à la première vue, implique des connaissances étendues, des observations variées, et n’est pas assez étranger aux difficultés extrêmes de l’arrangement de la vie et de l’expression, pour que l’artiste qui y excella soit privé de prendre son rang dans l’élite des producteurs. Venise eût été folle en ne réclamant pas, dans son orgueil, cet enfant de si légitime et si noble filiation. Un homme de précoce et vive disposition, tombé, pour apprendre à peindre, dans l’atelier du Giorgione, pouvait-il devenir autre chose qu’un grand