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chimie, avec l’espoir de devenir bientôt riche en congelant le mercure. Au lieu de chercher de belles inventions avec ses pinceaux et ses couleurs, il s’alambiquait le cerveau depuis le matin jusqu’au soir à manipuler du charbon, du bois, des cornues et d’autres semblables babioles qui lui faisaient dépenser en un jour plus qu’il ne gagnait dans une semaine à la chapelle de la Steccata. Et comme il n’avait pas d’autre moyen de subsistance que sa palette, ses fourneaux absorbaient peu à peu toutes ses ressources. Le pis de son affaire fut que la confrérie de la Steccata, qui l’avait payé à l’avance, voyant qu’il avait complètement cessé de travailler, lui intenta un procès. Il ne s’en tira qu’en se sauvant une nuit avec plusieurs amis à Casal-Maggiore. Il y oublia quelque temps l’alchimie et y fit, pour l’église de Santo-Stefano, la Vierge planant dans les airs au-dessus de saint Jean-Baptiste et de saint Étienne (12). Il peignit ensuite une Lucrèce ; ce morceau divin est le dernier et l’un des meilleurs qu’il ait produits ; on ne sait où il est aujourd’hui (13).

On compte encore, parmi les ouvrages de Francesco, un tableau de nymphes qui est maintenant chez Messer Niccolo Bufalini, à Città-di-Castello, et un groupe d’enfants au berceau qui se trouve également à Città-di-Castello, et qui fut fait pour la signora Angiola de’ Rossi, de Parme, femme du signor Alessandro Vitelli. Francesco finit par retourner à l’alchimie et par n’avoir plus d’autre pensée, comme tous ceux qui ont le malheur de mordre à cette dé-