Aller au contenu

Page:Vasari - Vies des peintres - t7 t8, 1841.djvu/143

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

de Crémone, fille de Messer Amilcaro Anguisciola, laquelle de nos jours s’est acquis tant de réputation par ses dessins, ses copies, ses portraits et ses peintures, que Philippe, roi d’Espagne, sur l’éloge que lui en fit le seigneur duc d’Albe, l’appela à sa cour où il la plaça auprès de la reine, en lui accordant une riche pension. Il y a peu de temps, Messer Tommaso Cavalieri, gentilhomme romain, envoya au duc Cosme une Cléopâtre du divin Michel-Ange, et un dessin de Sofonisba, qui représente une jeune fille se moquant d’un petit garçon qui pleure parce qu’une écrevisse lui a pincé le doigt. Rien n’est plus gracieux ni plus vrai que ce charmant morceau. Nous gardons précieusement ce dessin en mémoire de Sofonisba, qui, par son séjour en Espagne, a rendu ses ouvrages très-rares en Italie. Arrêtons-nous ici en disant avec Arioste :

Le donne son venute in eccellenza
Di ciascun’arte ov’ hanno posto cura
 (3).


Au temps du Vasari, dans les arts, toute supériorité était franchement acceptée. Tout mérite avait les honneurs de cet accueil affable, de cette admiration passionnée, de cette révérence naïve, dont les formules emphatiques peuvent paraître plus ou moins pitoyables à notre rêche humeur, à notre querelleuse judiciaire, mais n’en respirent pas moins