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Il mourut d’une fièvre aiguë, en 1552, à l’âge de soixante ans.

Il eut pour élève Bartolommeo Torre, noble gentilhomme d’Arezzo, qui se rendit ensuite à Rome où, sous la direction de Don Giulio Clovio, très-habile miniaturiste, il se livra à l’étude du nu et surtout de l’anatomie avec tant d’ardeur qu’il fut regardé comme le meilleur dessinateur qu’il y eût à Rome. Il y a peu de temps. Don Silva no Razzi me parlait d’un fait qu’il avait entendu raconter par Don Giulio Clovio, qui, plusieurs fois déjà, l’avait affirmé à moi-même. Don Giulio disait que les saletés anatomiques de Bartolommeo Torre l’avaient forcé de le renvoyer de sa maison qu’il empoisonnait en conservant des morceaux de cadavres pourris dans l’atelier, dans sa chambre, et jusque sous son lit. De plus, Torre se plaisait à se vêtir de la manière la plus débraillée et la plus malpropre, et en un mot, à vivre en véritable cynique. Il pensait que c’était le moyen de devenir immortel ; mais la nature qui ne peut tolérer de semblables injures le punit cruellement. À peine âgé de vingt-cinq ans, Torre fut attaqué d’une maladie qui le ramena dans sa patrie où il reçut des soins rendus inutiles par son genre de vie auquel il ne voulut rien changer. Au bout de quatre mois de souffrance, il alla rejoindre Lappoli, son premier maître, qui l’avait précédé de peu de jours dans la tombe.

Les habitants d’Arezzo furent profondément affligés de la perte de ce jeune homme dont les ouvrages annonçaient qu’il aurait grandement honoré sa pa-