Aller au contenu

Page:Vasari - Vies des peintres - t7 t8, 1841.djvu/194

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

il produisait des ouvrages d’une grâce et d’une beauté merveilleuses. Il fut encouragé à suivre cette voie par plusieurs de ses amis, et notamment par le célèbre Jules Romain, qui le premier lui enseigna la manière d’employer les couleurs à la gomme et à la détrempe.

La première peinture de Clovio fut une Madone qu’il exécuta ingénieusement d’après le livre de l’histoire de la Vierge. Cette Madone a été gravée sur bois par Albert Durer. Bientôt après, grâce à la recommandation d’Alberto da Carpi, Clovio fut appelé à la cour du roi Louis et de la reine Marie, sœur de Charles-Quint. Notre artiste représenta pour le roi un Jugement de Pâris en clair-obscur, qui plut beaucoup, et pour la reine une Lucrèce et quelques autres sujets d’une rare beauté.

Le roi étant ensuite venu à mourir et le royaume ayant été bouleversé, Giorgio Giulio fut forcé de retourner en Italie. À peine y fut-il arrivé, que le vieux cardinal Campeggio employa son talent. Après avoir fait pour ce seigneur une Madone en miniature et divers petits ouvrages, Clovio se livra à de plus sérieuses études et chercha de tous ses efforts à imiter Michel-Ange. Malheureusement, il fut arrêté dans sa marche par le déplorable sac de Rome. Le pauvre homme tomba entre les mains des Espagnols et fut si maltraité, que, dans sa misère, il implora le ciel et fit vœu d’entrer en religion s’il échappait à ces nouveaux pharisiens. S’étant sauvé par la grâce de Dieu, il se réfugia à Mantoue et entra dans le monastère de San-Ruffino, de l’ordre des chanoines