Page:Vasari - Vies des peintres - t7 t8, 1841.djvu/238

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Angleterre jeta dans ces temps les fondements de sa constitution, et accomplit les plus belles actions de sa vie romantique et chevaleresque ; mais ses plus grands rois étaient trop occupés d’augmenter leur puissance militaire ; la noblesse et le clergé poursuivaient trop exclusivement leurs buts ambitieux ; la bourgeoisie, enfin, n’avait pas assez d’importance pour que les arts pussent prendre leur essor. Les monuments anglais, à la vérité peu nombreux, que nous connaissons de cette époque, sont inférieurs à ceux de toutes les autres nations, et ne montrent guère qu’une imitation grossière de la manière et du style de l’école française[1].

Pour les Pays-Bas, cette époque fut pleine de


    et écrits sous Philippe V, dit le Long, qui régna de 1316 à 1322 ; les Vœux du Paon, poème français, grand in-8o (suppl. franç., no 254, 19), achevé en 1340, comme il est dit p. 188, dans un poème où Jacques de Langhion de Loheraine se nomme comme auteur ; le Roman de la Rose, in-folio (manusc. franç., no 6985), écrit en 1365, et, selon une notice de Flamel, secrétaire du roi Charles V, entrepris pour le frère du roi, le duc Jean de Berry, qui vivait de 1840 à 1406, et dont on voit à la fin le nom écrit de sa propre main. Les vignettes ne sont pas d’une grande finesse, mais les têtes sont pleines de physionomie et d’individualité.

  1. Voyez, à la Bibliothèque Royale, la Vie des Ermites, petit in-folio (manusc. franc., no 7331). Ce volume, qui date de la fin du treizième siècle, est écrit en français ; mais la langue française, à cette époque, était très répandue en Angleterre, dans les Pays-Bas, à Naples, surtout dans les cours et parmi la noblesse. Dans tous ces pays on fit exécuter des manuscrits en langue française, et on se tromperait singulièrement si on attribuait à des artistes français tous les manuscrits qui existent dans leur langue. L’origine anglaise du manuscrit en question est indiquée par une vieille inscription qui se trouve sur l’avant-dernière page : « Cest livre est de Philippe de Coucy, duchesse Dirlande, comtesse Doxenfodz, » et par une recette pour faire de l’eau-de-vie, qu’on lit sur la dernière page et qui est en vieux anglais.