Page:Vasari - Vies des peintres - t7 t8, 1841.djvu/265

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çaises de 1410 à 1450, nous n’avons point rencontré de monument important qui date de cette époque. Les grands désordres amenés par la guerre malheureuse avec l’Angleterre ne pouvaient guère être favorables. Mais, à partir de 1450 à 1500, nous avons vu une foule de miniatures qui sont de la plus grande importance pour l’histoire de la peinture en France. Ces miniatures prouvent d’abord que la peinture en France était arrivée, à cette époque, à un haut degré de perfection. Elles démontrent ensuite, à n’en plus douter, que les affections de l’art italien, basées sur une imitation intelligente et libre des modèles antiques, étaient partagées par nos compatriotes ; en un mot, que ce style, qu’on connaît aujourd’hui sous le nom de renaissance, était aussi le nôtre dès 1460.

Les relations fréquentes et étroites que la France entretenait à cette époque, d’une part avec les Pays-Bas, d’autre part avec l’Italie, faisaient que la peinture française subissait une influence très heureuse de ces deux contrées. L’art qui en était le résultat est sans doute inférieur à celui des Pays-Bas et à celui de l’Italie sous le rapport de l’originalité, mais il réunit à un degré fort respectable leurs qualités souvent contradictoires. Si l’art français ne peut se comparer à l’art des Pays-Bas pour la vivacité et la variété des représentations de la nature, ni pour l’énergie du naturalisme, il lui est supérieur par un style plus grand dans l’ordonnance, par des lignes mieux senties, et par un goût plus noble dans les draperies et dans les ornements.