Page:Vasari - Vies des peintres - t7 t8, 1841.djvu/283

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venons de dire, lorsque Sa Sainteté mourut l’an 1549. Le conclave devant avoir lieu dans la salle des Rois, il fallut jeter à terre tous les échafaudages qui l’encombraient, et livrer aux regards du public l’ouvrage de Daniele. Les stucs furent admirés comme ils le méritaient, mais les deux figures de rois n’eurent pas un égal succès : on les trouva bien inférieures aux fresques de la Trinità-del-Monte, et l’on pensa que Danieie avait plutôt reculé qu’avancé.

L’an 1550, Jules III étant monté sur le trône pontifical, Danieie mit en jeu tous ses amis pour qu’il lui fut permis de continuer son travail ; mais le pape, qui s’en souciait peu, s’arrangea toujours de façon à esquiver la demande.

Sur ces entrefaites, Jules III ayant résolu d’élever une fontaine au bout du corridor du Belvédère, Michel-Ange lui proposa de sculpter en marbre un Moïse faisant jaillir l’eau du rocher. Le pape repoussa ce projet dont la réalisation aurait exigé beaucoup trop de temps. Giorgio Vasari, que le souverain pontife avait appelé auprès de lui et consultait dans toutes les entreprises d’art, conseilla alors à Sa Sainteté de prendre la Cléopâtre antique pour principal ornement de sa fontaine. Cette idée plut à Jules III, qui ordonna aussitôt de placer la divine statue dans une grotte décorée de stucs. Michel-Ange fit allouer cet ouvrage à Daniele qui le conduisit avec une telle lenteur, qu’il acheva seulement les stucs et les peintures de la grotte, et que d’autres travaux conçus par Sa Sainteté restèrent sans exécution.