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Page:Vasari - Vies des peintres - t7 t8, 1841.djvu/376

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pense promise. Vasari pria vivement, mais sans succès, Cristofano de dessiner une partie des sujets de la frise. Giorgio se mit donc à l’œuvre, et pendant ce temps, Cristofano conduisit à fin les accessoires architecturaux de deux tableaux, avec une telle perfection, qu’un maître consommé n’en aurait pas fait autant, même avec l’aide de cartons. Il est vrai que jamais personne ne posséda au même point que Cristofano l’art de travailler de verve, sans études préalables. Tandis que Vasari achevait les vingt sujets de l’Apocalypse, Cristofano peignit la table et les mets qui la couvrent dans le tableau où douze pauvres dînent avec saint Grégoire (sous les traits duquel est représenté le pape Clément VII).

Pour le troisième tableau, on dressa un échafaudage sur lequel peignaient en même temps Vasari et Cristofano, lorsque celui-ci imagina, pour se hausser encore davantage, démonter sur un escabeau ou sur un baquet renversé. Puis, ayant voulu se reculer pour regarder de loin ce qu’il avait fait, son pied rencontra le vide, et il tomba d’une hauteur de cinq brasses. Il se contusionna si rudement, qu’il fallut lui tirer beaucoup de sang et le soigner sérieusement, sans quoi il serait mort. Et le pis de l’aventure fut qu’une nuit les bandelettes de sa saignée se détachèrent, et qu’il perdit une telle quantité de sang, que, si Stefano qui était couché avec lui ne s’en fût point aperçu, il n’aurait certainement pas tardé à rendre l’âme. Vasari prit alors soin de lui, comme s’il eut été son propre frère, et à vrai dire, l’état du malade ne réclamait rien de moins.