Page:Vasari - Vies des peintres - t7 t8, 1841.djvu/395

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Après avoir bien marché, sauté et dansé, on revint le soir après souper. Cristofano, accablé de fatigue, se retira aussitôt dans sa chambre pour dormir. Il voulut, comme de raison, ôter ses chausses, mais soit parce qu’elles étaient neuves, soit parce qu’il était en sueur, il ne put jamais arriver qu’à la moitié de la besogne. Vasari, étant allé le voir dans la soirée, le trouva endormi avec une jambe chaussée et l’autre nue. Il entreprit alors de lui tirer sa chausse, et il y réussit avec l’aide d’un valet, mais non sans jeter dans une furieuse colère Cristofano qui maudissait et les chausses et Vasari, et tous ceux, disait-il, qui ont inventé des usages pires que les plus diaboliques instruments de torture. Il se vouait à Dieu et à tous les saints, et voulait, à toute force, retourner à San-Giustino où du moins on le laissait vivre à sa mode ; on eut toutes les peines du monde à l’apaiser.

Il aimait peu les longs discours, et aurait voulu que les noms propres fussent aussi brefs que celui d’un esclave de Messer Sforza, qui s’appelait M. « Oh ! disait Cristofano, M, voilà un beau nom ! tandis qu’il faut une heure pour prononcer Giovanfrancesco et Giovanantonio. » Il disait ces choses dans son patois de Borgo, et d’une façon si comique qu’il aurait fait rire un mort.

Il se plaisait à passer les jours de fête, depuis le matin jusqu’au soir, dans les endroits où l’on vendait des légendes et des images imprimées, et s’il en achetait quelques-unes, il manquait rarement ensuite de les perdre pendant qu’il en regardait