Page:Vasari - Vies des peintres - t7 t8, 1841.djvu/410

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plusieurs années, si j’avais eu sur Fra Giocondo de Vérone tous les renseignements que j’ai recueillis depuis, je n’aurais certainement pas manqué de le mentionner de la manière la plus honorable, juste tribut que je vais payer à cet homme habile et universel, ainsi qu’à plusieurs autres maîtres véronais d’un talent distingué. Et que l’on ne s’étonne point de ne voir en tête de cette biographie qu’un seul portrait : je n’ai pu m’en procurer d’autres ; mais je ne négligerai rien pour distribuer exactement à chacun de ces dignes artistes la part d’éloges qui lui est due.

Pour observer l’ordre du temps et du mérite, je parlerai d’abord de Fra Giocondo  (1), qui, en prenant l’habit de saint Dominique, fut appelé, non pas Fra Giocondo seulement, mais Fra Giovanni Giocondo : comment ce nom de Giovanni tomba-t-il dans l’oubli ? je l’ignore ; ce que je sais, c’est que celui de Giocondo lui resta seul.

La littérature formait la principale occupation de Fra Giocondo. Non-seulement il était versé dans la philosophie et la théologie, mais encore il possédait à fond la langue grecque, ce qui était très-rare à cette époque, où les belles-lettres commençaient à renaître en Italie. Malgré la variété et l’importance de ces études, Fra Giocondo cultivait aussi avec amour et avec succès l’architecture, comme le témoignent Scaliger et le docte Budée dans son livre De Asse et dans ses Annotations sur les Pandectes.

Fra Giocondo, en qualité de littérateur, d’archi-