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Raphaël, Sa Sainteté put à peine croire qu’un vieillard borgne fût l’auteur de ces grands et beaux morceaux.

Pendant vingt années continues, Benvenuto passa, pour l’amour de Dieu, tous les jours de fête à orner de peintures à l’huile, en détrempe et à fresque, le monastère des religieuses de San-Bernardino. Nous ne saurions donner une meilleure preuve du désintéressement de Benvenuto ; car, bien que le monastère de San-Bernardino ne fût point hanté par le public, il y travailla avec autant d’application que s’il eût eu à s’exercer dans un édifice plus fréquenté. Les compositions qu’il y exécuta sont sagement entendues et renferment des têtes d’une beauté et d’une suavité remarquables.

Benvenuto eut de nombreux élèves, auxquels il enseigna avec un véritable dévouement ce qu’il savait ; mais ses leçons furent infructueuses, et même il n’en fut jamais payé que par de l’ingratitude : aussi disait-il quelquefois qu’il n’avait jamais eu d’autres ennemis que ses élèves.

L’an 1550, son mal d’yeux lui revint et le frappa complètement de cécité. Il vécut ainsi neuf années et supporta ce malheur avec une religieuse soumission à la volonté de Dieu. Néanmoins, à l’âge de soixante-dix-huit ans, fatigué de cette vie de ténèbres, il sentit avec joie arriver la mort qui lui promettait la lumière éternelle. Il rendit son âme à Dieu le 6 septembre 1559. Il laissa un fils nommé Girolamo et une fille.

Benvenuto fut un homme de bien. Sa conversa-