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Page:Vasari - Vies des peintres - t9 t10, 1842.djvu/102

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l’enfer versait à chaque convive des vins délicieux dans des creusets qui tenaient lieu de verres.

Après ce premier service, qui pouvait passer pour une entrée, on sema sur la table, en guise de dessert, comme si le repas à peine commencé eût tiré à sa fin, des sucreries qui avaient l’apparence d’ossements de morts.

Pluton dit ensuite qu’il voulait aller se reposer avec Proserpine, et ordonna que les tortures des damnés eussent à recommencer. Aussitôt toutes les lumières s’éteignirent, et l’on entendit un lugubre concert de plaintes, de lamentations et de hurlements.

Puis, au milieu des ténèbres, scintilla une étoile qui montra à l’un des assistants le bombardier Baia, condamné au plus affreux supplice par Pluton, pour avoir osé donner aux Florentins, dans ses feux d’artifice, des représentations de l’enfer.

Pendant que les regards étaient attachés à ce douloureux spectacle, le funèbre appareil s’évanouit tout à coup. De brillantes girandoles éclairaient la scène, des plats vraiment royaux avaient succédé aux ossements et aux reptiles, et les sinistres démons avaient été remplacés par des valets magnifiquement costumés.

Après le repas, une comédie intitulée Filogenia compléta dignement cette fête qui dura jusqu’à la pointe du jour.

Deux ans plus tard, la présidence étant échue pour la seconde fois à Matteo da Panzano, il profita de cette Occasion pour donner une leçon à quel-