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ques-uns de ses confrères, qui avaient dépensé à certains festins des sommes exorbitantes.

D’abord, il fit peindre au-dessus de la porte de l’Aia, lieu des réunions de la société, un sujet semblable à ceux que l’on voit ordinairement sur les façades et les portiques des hôpitaux, c’est-à-dire le directeur de l’hôpital accueillant des pauvres et des pèlerins. Cette peinture ne fut découverte que le soir de la fête, au moment où arrivèrent les sociétaires.

Ils furent reçus à la porte par le directeur de l’hôpital, qui les introduisit dans une vaste salle bordée de lits de chaque côté, et en un mot, complètement transformée en infirmerie

Au milieu de cette salle, autour d’un grand feu, étaient assis, déguisés en misérables gueux, le Bientina, Battista de l’Ottonaio, le Barlacchi, le Baia et d’autres gens d’esprit qui, feignant de ne point apercevoir ceux qui entraient, déchiraient à belles dents, sans s’épargner eux-mêmes, les membres de la compagnie qui avaient gaspillé leur argent en banquets et en divertissements.

Lorsque tous les associés furent rassemblés, saint André leur patron s’avança, les tira de l’hôpital, et les conduisit dans une autre salle splendidement décorée, où ils soupèrent joyeusement. Puis, saint André leur enjoignit, avec douceur, de célébrer une seule fête solennelle chaque année, afin d’éviter l’hôpital.

La société se conforma à cet ordre, et, pendant nombre d’années, se réunit à un somptueux banquet, suivi d’une comédie.