Page:Vasari - Vies des peintres - t9 t10, 1842.djvu/168

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tion, Messer Tizio da Spoleti, intendant du cardinal, confia à Federigo le soin de décorer la façade d’une maison qu’il avait sur la place de la Douane, près de Sant’-Eustachio. Federigo, dont le plus ardent désir était de travailler seul, se mit à l’œuvre avec joie, et représenta d’abord le Baptême de saint Eustache, de sa femme et de ses enfants, puis le saint apercevant, dans une chasse, l’image miraculeuse d’un Crucifix au-dessus de la tête d’un cerf.

Taddeo, comprenant de quelle importance était cet ouvrage pour la réputation de Federigo, qui n’avait alors que vingt-huit ans (9), allait souvent le voir travailler, et parfois même retouchait ce qu’il avait fait. Federigo souffrit pendant quelque temps ces corrections avec patience ; mais bientôt, irrité d’être tenu en bride, il saisit un marteau, détruisit tout ce que Taddeo avait peint, et dans sa colère resta plusieurs jours sans vouloir retourner chez son frère. Enfin, des amis communs les réconcilièrent ; toutefois il fut convenu que Taddeo serait libre de corriger à son gré les dessins et les cartons de Federigo, mais qu’il ne mettrait jamais la main à ses peintures à fresque ou à l’huile. En conséquence, Federigo acheva seul sa façade qui fut universellement admirée, et lui valut une place distinguée parmi les artistes.

Taddeo ayant été chargé de refaire dans la salle des Palafrenieri les Apôtres que Raphaël y avait peints en grisaille, et que l’on avait jetés à terre du temps de Paul IV, en exécuta un lui-même et abandonna les autres à Federigo, lequel s’acquitta très