Page:Vasari - Vies des peintres - t9 t10, 1842.djvu/289

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Michel-Ange dans la Via Santa-Maria, près de la Via Ghibellina, rêvait-elle déjà pour notre jeune artiste une gloire égale à celle que commençait à acquérir le Buonarroti.

Peu de temps après, Jacopo fut mis chez un marchand pour apprendre le commerce, mais il manifesta pour ce métier encore plus de répugnance que pour la grammaire, et il se remua si bien, qu’il obtint de son père la permission de suivre librement ses inclinations. Il entra aussitôt dans l’atelier d’Andrea Contucci de Monte-Sansovino, qui était alors occupé à Florence à sculpter en marbre deux figures. Andrea était regardé en Italie et en Espagne comme le statuaire et l’architecte le plus habile qu’il y eût après le Buonarroti. Convaincu que Jacopo serait un jour un homme d’un talent éminent, il n’épargna aucun soin pour en faire un disciple digne de lui. De son côté, Jacopo profita si bien des bonnes leçons d’Andrea, que l’on devina qu’il ne tarderait pas à l’égaler, et même à le surpasser de beaucoup. Il existait entre le maître et l’élève un attachement tellement semblable à celui qu’une puissance secrète forme entre le père et le fds, que le public sembla oublier le nom de famille de Jacopo pour ne plus l’appeler que le Sansovino.

Jacopo était aidé par la nature au point que, tout en apportant parfois peu d’application à ses ouvrages, ils se distinguaient toujours néanmoins par une facilité, une grâce et une élégance ravissantes. Ses moindres croquis, ses moindres ébauches avaient un mouvement et une fierté rares.