Page:Vasari - Vies des peintres - t9 t10, 1842.djvu/290

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Une étroite amitié avait uni dès leur enfance Andrea del Sarto et notre Jacopo. Cette intimité fut très-utile à l’un et à l’autre. La conformité de manière, qu’une étude commune du dessin avait mise dans leurs productions, leur permettait de résoudre ensemble les difficultés de l’art, et d’établir entre eux un utile échange de talent. Ainsi, le saint Jean Evangéliste (2) qui est dans le tableau de saint François, peint par Andrea del Sarto pour les religieuses de la Via-Pentolini, fut copié d’après un beau modèle en terre, que Jacopo Sansovino avait exécuté en concurrence de Baccio da Montelupo, pour la confrérie de la porte Santa-Maria, qui voulait orner d’une statue en bronze, haute de quatre brasses, une niche pratiquée à l’encoignure d’Orsanmichele. Bien que le modèle de Jacopo fût plus beau que celui de Baccio, ce dernier maître, grâce à son âge, sortit victorieux du concours, et obtint la commande. Le saint Jean Evangéliste de Jacopo appartient aujourd’hui aux héritiers de Nanni Unghero (3). Jacopo, étant ami de ce Nanni, lui modela en terre quelques enfants et un saint Nicolas de Tolentino, qui furent ensuite sculptés en bois, et placés dans la chapelle dédiée à ce bienheureux, à Santo-Spirito.

Ces divers ouvrages rendirent Jacopo célèbre parmi les artistes de Florence, et furent cause que Giuliano da San-Gallo, architecte du pape Jules II, le conduisit à Borne où il étudia avec ardeur les antiques du Belvédère. Bramante, qui habitait ce palais, ayant vu les dessins de Jacopo, et une sta-