Page:Vasari - Vies des peintres - t9 t10, 1842.djvu/389

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Flandre ? Quoi qu’il en soit, toujours est-il que les Flamands, dans leur peinture, repoussèrent ces nuances faibles et timides, et ces teintes fuyardes et nuageuses dont les enveloppaient les brouillards de leurs marécages, et qu’ils adoptèrent les tons robustes, éclatants et splendides que les Grecs avaient dérobés à leur ciel ardent et pur. Enfin, à l’instar des Orientaux, les Flamands cherchèrent encore à augmenter l’éclat des couleurs par les artifices du coloris, par la hardiesse des contrastes et de l’effet, ainsi que le témoignent ces miniatures antérieures à van Eyck dont nous avons parlé dans le volume précédent.

Tout porte donc à croire que la Flandre reçut, non de Cologne comme on l’a prétendît, mais de l’Orient, une impulsion salutaire, ou pour mieux dire une véritable initiation.

Mais si l’on ne peut nier l’action que l’art de l’Orient exerça sur l’art des Pays-Bas ; s’il est certain que celui-ci se rattache au premier par le procédé de la coloration, par le fond même des types ; en un mot, s’il est évident qu’il en est issu ; d’un autre côté, il faut reconnaître qu’il existe, entre l’initiateur et l’initié, des différences non moins radicales que celles qui séparent l’art grec de l’art égyptien. En effet, au grossier et ténébreux symbolisme mélangé d’un vague souvenir de l’antique qui compose l’essence de l’art de l’Orient, les peintres du Nord substituèrent, sans retour possible, des principes lumineux et sympathiques, basés sur l’observation la plus attentive de la nature, sur le sentiment le