Page:Vasari - Vies des peintres - t9 t10, 1842.djvu/390

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plus exquis de la réalité ; et ces principes leur appartiennent si bien, qu’ils suffisent pour les distinguer même des Italiens : il est facile de s’en convaincre. L’art italien, ainsi que la langue italienne, ont leurs racines dans le sol antique, et leurs plus belles productions ne renient jamais complètement cette origine. L’Italie trouva naturellement, dans les chefs-d’œuvre antiques que chaque jour sa terre féconde livrait à ses méditations, un élément qui, marié à l’étude de la nature, devait lui servir à s’affranchir promptement des types orientaux, et à conduire l’art de progrès en progrès à son entier épanouissement. Les Pays-Bas, au contraire, où l’antiquité païenne n’avait laissé aucune trace, conservèrent longtemps une grande déférence pour les modèles néo-grecs ; et lorsque, plus tard, après s’être approprié les procédés techniques des maîtres byzantins, ils voulurent secouer le joug de la tradition, ils furent forcés, pour suppléer aux précieux enseignements qu’offraient aux Italiens les restes imposants de l’antiquité, de demander exclusivement à la nature de nouveaux principes, de nouvelles formules. Aussi virent-ils de bonne heure germer et se développer, sur leur sol, avec une vigueur frappante, des idées éminemment indépendantes et originales, qui imprimèrent à toutes les conceptions de leurs artistes un profond cachet d’individualité, et assurèrent à leur école, dans le domaine de la peinture, une place à peu près semblable à celle que la langue allemande occupe parmi les langues modernes. Une fois lancés à la poursuite de la réalité, les peintres