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Page:Vasari - Vies des peintres - t9 t10, 1842.djvu/394

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L’apparition d’une individualité aussi puissante que celle de Jean van Eyck dut nécessairement exercer une grande influence sur les tendances de l’art contemporain. Ses principes, en effet, dépassèrent de bonne heure les frontières, et envahirent les écoles étrangères.

L’école de Cologne fut une des premières à les accueillir. Dès la seconde moitié du XVe siècle, un de ses maîtres les plus distingués réunit les pratiques locales à celles de van Eyck. La fameuse Passion, qui appartient à M. Lieversberg, de Cologne, et d’autres tableaux dus à la même main, et con-

    degré de richesse et de prospérité. Les étrangers, que le commerce y attirait de toutes parts, recherchaient avec passion les œuvres de leur pinceau et leur offraient mille occasions d’étudier les traits, les costumes et les mœurs des nations les plus diverses. Les habitants de la ville, si justement renommés pour leur beauté, leur présentaient les plus admirables modèles. Les édifices même, pleins de caractère et de magnificence, leur fournissaient les plus heureux motifs pour les fabriques et les fonds d’architecture dont ils enrichissaient leurs tableaux. Après l’an 1420, les deux frères qui, en remettant en lumière et en perfectionnant le procédé de la peinture à l’huile, avaient acquis une immense réputation, se rendirent à Gand pour y exécuter le fameux retable de Saint-Bavon, dont ils avaient été chargés par Philippe le Bon, qui, dès 1419, avait pris possession du gouvernement. Ce prince, fondateur de l’ordre de la Toison d’or, s’était formé la cour la plus pompeuse de l’Europe. Les seigneurs les plus opulents et les plus nobles tenaient à honneur d’en faire partie. C’est là sans doute que Jean van Eyck, que Philippe le Bon avait nommé son conseiller intime, trouva ces rois et ces chevaliers aux visages majestueux, aux tournures superbes, aux vêtements magnifiques, aux armures resplendissantes, dont il peupla ses toiles. Hubert mourut avant l’achèvement du retable de Saint-Bavon, qui devait passer pour le chef-d’œuvre de son frère Jean. Celui-ci le termina donc seul et retourna ensuite à Bruges, où, jusqu’à sa mort, il peignit une multitude de pages où la réalité est traduite avec la plus saisissante vérité.