Page:Vasari - Vies des peintres - t9 t10, 1842.djvu/624

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de mon faible savoir, à exciter les hommes de ce pays à aborder de vastes et honorables entreprises, et, soit que mes efforts ou d’autres motifs y aient donné lieu, on y a fait, à dater de ce moment, de très-beaux ouvrages en stuc et en peinture. Sur la voûte de la saile destinée aux étrangers dans le meme couvent, je peignis le Christ et plusieurs saints l’épaule chargée d’une croix, pour montrer que, si l’on veut imiter le Sauveur, il faut se résigner à porter avec patience les adversités de ce monde.

Pour l’abbé Capeccio, je représentai une Résurrection, et pour le général des Olivetains, je fis un Christ marchant sur les eaux de la mer, et tendant la main à saint Pierre, qui s’avance vers lui.

Après avoir terminé ces tableaux, j’ornai de fresques et de stucs d’une délicatesse extrême une chapelle que don Pedro de Toledo, vice-roi de Naples, avait dans son jardin de Pozzuolo. Je devais décorer deux grandes loges pour le meme seigneur ; mais un accident imprévu vint m’en empêcher. Le vice-roi ayant ordonné au bargello[1] et à ses agents d’arrêter plusieurs Olivetains et leur abbé, qui s’étaient pris de querelle avec les moines noirs dans une procession, les religieux, assistés d’une quinzaine de jeunes gens environ qui m’aidaient dans mes travaux, avaient résisté aux sbires, et en avaient même blessé quelques-uns. Obligés de fuir, mes auxiliaires se dispersèrent çà et là, de façon que je

  1. Bargello, chef des sbires.