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De chaque côté de la scène, il fit jeter à terre un pan du mur haut de dix-huit brasses, afin d’établir en dehors de la salle une enceinte destinée aux musiciens. Puis, il voulait que l’ouverture pratiquée dans le mur fût cachée par des toiles couvertes d’édifices peints en perspective.

Aristotile ne pouvait qu’approuver cet arrangement, qui permettait d’augmenter le luxe des décorations et débarrassait la scène des musiciens ; mais il jugeait indispensable de construire un arc de la plus grande solidité pour soutenir les arbalétriers du toit, que la démolition des murs laissait sans appui.

Lorenzino, de son côté, exigeait que l’on n’employât que de simples étais qui ne gênassent aucunement la musique.

Aristotile, convaincu que ce dernier mode occasionnerait la chute du toit sur les spectateurs, se refusa complètement à obéir à Lorenzino, qui au fond n’avait en vue que la mort du duc.

Désolé de ne pouvoir faire entendre la voix de la raison à Lorenzino, Aristotile était sur le point de renoncer à tout, quand Giorgio Vasari, qui était alors au service du duc Alexandre, s’immisça adroitement dans la discussion dont il avait été témoin, et montra que, sans construire un arc et sans nuire à la musique, il était facile de remédier au mal en appuyant les arbalétriers en péril sur deux poutres de quinze brasses de longueur appliquées dans le sens du mur, et solidement fixées aux autres arbalétriers du comble à l’aide de barres en fer.

Aristotile agréa cet avis, mais Lorenzino n’y ré-