Page:Vasari - Vies des peintres - t9 t10, 1842.djvu/86

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

gagna l’amitié de Léonard, au point que celui-ci n’avait pas d’autre volonté que celle de son jeune compagnon.

Rustici appartenait à une famille noble, et avait de quoi vivre honorablement, de sorte qu’il se consacra aux arts plus pour son propre plaisir et par amour de la gloire que par besoin. Et, à dire vrai, il est rare que les artistes qui ont pour dernier et principal but l’argent et non la gloire acquièrent un haut talent, malgré tout le génie que l’on voudra leur supposer. Les malheureux qui, pour chasser la pauvreté et sustenter leur famille, sont forcés de travailler du matin au soir, au lieu d’obéir à leurs seules inspirations, font réellement l’office de manœuvres et non d’artistes. On ne saurait produire un bon ouvrage sans l’avoir longtemps médité : aussi le Rustici avait-il coutume de dire, dans son âge mûr, que l’on doit d’abord réfléchir, puis tracer des croquis, ensuite des dessins, et enfin choisir pour les mettre en œuvre les meilleurs parmi ces derniers, après être resté des semaines et des mois entiers sans les regarder. Malheureusement ce procédé ne peut être suivi par ceux qui n’ont en vue que les profits. Rustici disait encore que l’on ne devait montrer à personne son travail avant de l’avoir achevé, afin de conserver la liberté absolue d’y opérer des changements.

Il apprit de Léonard de Vinci beaucoup de choses, et particulièrement l’art de faire les chevaux. Il en modela en terre et en cire, soit en ronde bosse, soit en bas-relief, sous tous les aspects imaginables. Dans