Page:Vasari - Vies des peintres - t9 t10, 1842.djvu/95

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

et divertissantes frayeurs à ses élèves et à ses amis.

Dans ses ateliers de la Sapienza se rassemblait la joyeuse Société du Chaudron, composée de douze membres que voici : Rustici, Andrea del Sarto, le peintre Spillo, Domenico Puligo (4), l’orfévre Robetta (5), Aristotile da San-Gallo, Francesco di Pellegrino, Niccolò Buoni, l’excellent chanteur et musicien Domenico Baccelli, le sculpteur Solosmeo (6), Lorenzo dit Guazzetto, et le peintre Ruberto di Filippo Lippi. Ce dernier avait été élu provéditeur de la société. Chacun des douze associés avait la permission d’amener quatre amis à certains repas solennels.

Comme ce genre de réunion est aujourd’hui presque entièrement tombé en désuétude, je n’hésite pas à fournir quelques détails sur la manière dont les choses s’y passaient.

Chaque convive devait apporter un plat remarquable par sa singularité. Le président, choisi dans le sein de la société, recevait le plat et le donnait à qui bon lui semblait. Une fois à table, les convives prenaient part à tous les plats. Deux plats se rencontraient-ils semblables, leurs inventeurs étaient condamnés à une amende.

Giovan-Francesco, ayant un jour à traiter ses confrères, les reçut tous dans une cuve gigantesque transformée en chaudron, à l’aide de peintures et de toiles si habilement agencées, que l’assemblée paraissait plongée dans l’eau jusqu’à mi-corps. De l’anse du chaudron, accrochée à la voûte, ruisselait une abondante clarté. Lorsque tous les convives