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Domenico Puligo d’un cochon de lait avait fait une jeune fille armée d’une quenouille et préposée à la garde d’une couvée de poussins.

L’orfévre Robetta avait métamorphosé en enclume une tête de veau.

Les inventions des autres convives furent non moins belles et non moins appétissantes ; mais nous les passerons sous silence pour dire quelle fut l’origine de la société de la Truelle dont Rustici fit également partie.

L’an 1512, Ser Bastiano Sagginati, Ser Raffaello del Beccaio, Ser Cecchino de’ Profumi, Girolamo del Giocondo et le Baia soupaient un soir, avec le fifre Feo d’Agnolo, dans le jardin que ce joyeux et spirituel bossu possédait à Campaccio. Pendant que l’on mangeait la crème, le Baia aperçut, dans un coin du jardin, à côté de la table, un tas de mortier dans lequel était plantée une truelle qu’un maçon y avait laissée la veille. Le Baia prit avec cette truelle un peu de mortier, qu’il lança adroitement dans la bouche de Feo au moment où celui-ci s’apprêtait à engouffrer une immense cuillerée de crème. À cette vue, tous les convives se mirent à crier : « Truelle ! truelle ! » et décidèrent qu’en mémoire de la mésaventure de Feo serait créée une société portant le nom de la Truelle.

Cette société se divisait en majeure et en mineure, pour nous servir de l’expression du temps. Chacune de ces catégories comptait douze membres.

Une truelle, à laquelle on ajouta plus tard ces petits tonneaux noirs, à gros ventre, que l’on ap-