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attaque

jétit tous les pays où il porta la guerre, après le gain d’une ou de deux batailles ; et pour ne pas remonter si haut, l’Espagne ne fut-elle pas conquise par les Maures, après la perte d’une bataille ? Teimurlangt, ce fameux conquérant de l’Asie, ne se rendit-il pas maître de la Perse, de l’Arménie, de l’Indostan et de beaucoup d’autres états, après le gain de trois ou quatre batailles ? S’il y avait eu de bonnes places dans ces grands pays, il est certain qu’il n’en serait pas venu si facilement à bout, puisque trois ou quatre villes que César trouva dans les Gaules en état de lui résister, lui firent tant de peine, qu’elles l’obligèrent à y employer onze années pour les réduire : pareille chose est arrivée à tous les conquérans qui se sont trouvés dans ce cas : ce qui prouve aux souverains la nécessité des places fortes pour posséder leurs états en sûreté contre le dedans et le dehors, et à même temps celle de se former un art de prendre les places de leurs ennemis qui peuvent les inquiéter, et s’opposer à leurs desseins. C’est ce qui va faire le sujet de ce Traité.