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UNE VENGEANCE

mais elle demeura à la même place, et l’expression désolée de ses traits me glaça jusqu’aux moelles. Je lui parlai encore, malgré l’épouvante qui me dominait, je la suppliai de me faire comprendre par une manifestation quelconque qu’elle m’entendait, me plaignait, m’aimait encore. Mais, elle ne bougeait pas, et je ne pouvais plus supporter l’expression terrifiante de sa figure. Je me levai, et étendis la main vers elle en fermant les yeux pour ne pas m’évanouir. Je rencontrai un corps rigide, glacé, tout trempé de l’humidité du tombeau. Ne pouvant en supporter davantage, je tombai à la renverse.

» Quand je revins à moi, Porto et la femme de ménage, plus pâles que des cierges, se tenaient à mes côtés. Je leur racontai brièvement ce qui m’était arrivé, heureux de me retrouver avec des êtres vivants. Ils se regardèrent et chuchotèrent tout bas, comme si le son de leur propre voix les eût épouvantés. Je me mis à rire bruyamment, dans la crainte de sentir la folie me gagner.

— » C’est un rêve, n’est-ce pas ?… Personne n’est venu cette nuit, vous n’avez rien vu !…

» La femme se signa, et Porto tomba à genoux en joignant les mains.

» Je les considérai avec irritation.

— » Voyons, parlez ! Je ne tolérerai pas que l’on