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L’ÉTOILE DOUBLE

dant, comme des ailes de métal. Partout, autour de moi, la nuit. Une nuit tiède et mystérieuse remplie de musiques étranges. Ma curiosité était excitée au plus haut point, je tâchai d’examiner, au moins, à la lueur que je répandais, les objets les plus proches. Mais, je n’eus pas plutôt formulé le désir de voir que mon front devint un foyer lumineux, et que tout s’éclaira à une grande distance. Je ne pus retenir un cri d’admiration, tant ce que j’aperçus dépassait mes visions les plus folles. Pas d’arbres, ni de plantes, ni de terre, mais des amas de pierreries affectant mille formes différentes, des montagnes de cristal irisé, des ondes bleues et rouges semblant tomber du ciel pour rouler dans des abîmes, escalader des obstacles fantastiques et se dresser en crêtes vertigineuses, sans faire plus de bruit que le ventre des reptiles glissant dans l’herbe. Le sol paraissait composé d’une épaisse poussière de corail semé çà et là de pierres d’onyx, de sardoine, de chrysolithe, de girasol et de turquoises. De grands murs bizarrement découpés et d’une entière transparence, s’élevaient à des hauteurs invraisemblables ; les uns étaient d’améthystes, les autres de saphirs et de topazes, sans une tache, sans un défaut, tout d’une pièce. Quant à la voûte céleste, elle me sembla d’un noir d’encre, immobile, effroyable comme une voûte de sépulcre.