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L’ÉTOILE DOUBLE

Bientôt, les amas de pierreries qui m’environnaient s’agitèrent lentement, et de longues ailes, pareilles aux miennes, se déployèrent, illuminant toutes choses. Je vis, alors, des animaux étranges se croiser en tous sens, mêler leurs écailles éblouissantes, tordre leurs anneaux embrasés, marcher, ramper, voler et se répondre avec des voix profondes et sonores comme des accords d’orgue. C’étaient des sphinx secouant leurs bandelettes, allongeant leurs pattes ; des chimères aux yeux verts phosphorescents qui crachaient du feu par leurs narines et se frappaient le flanc avec leurs longues queues de dragon : C’étaient des griffons moitié lions et moitié vautours crispant leurs pattes rouges et tendant leurs cous bleus ; des basilics dont le corps violet ondulait dans le sable. C’étaient mille bêtes étranges à peine soupçonnées : des tragelaphus moitié cerfs et moitié bœufs, des alligators sur des pieds de chevreuil, des chèvres à croupe d’âne, des hiboux à queue de serpent, des caméléons gigantesques, enfin des monstres terrifiants, tantôt hauts comme des montagnes, tantôt minces comme des roseaux, des fleurs de métal immenses sur des jambes de femme, des libellules dont les ailes éployées semblaient des voiles de navire et dont les corps brillaient comme des vergues d’acier !