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L'ANARCHISTE

en frais d’imagination pour un amour qui ne demandait qu’à se laisser convaincre, et qui poussait, même au seuil de la tombe, ses fleurs glorieuses vers le ciel.

Jaques André allait comparaître devant le jury de la Seine. Ce procès sensationnel s’annonçait comme un gros événement et, dans les classes élevées, il n’était question que de « l’infâme dynamiteur. » On ne pourrait, certes, manquer de le condamner, et ce serait un beau spectacle que de voir monter à la guillotine ce sinistre apôtre de l’anarchie !

Quelques âmes timorées tremblaient à l’idée des représailles, mais l’avis du plus grand nombre était qu’il fallait faire un exemple, se montrer sans pitié, abattre l’arbre dans sa racine : les rameaux, alors, tomberaient d’eux-mêmes, privés de sève et de force.

Jacques, après ma visite, était redevenu très expansif avec ses gardiens qu’il entretenait de mille choses auxquelles ces malheureux ne comprenaient rien : ses aspirations, sa foi dans une entente prochaine et universelle, ses visions de félicité et de bien-être pour tous les hommes faisaient les frais de ces longues tirades qui le laissaient ensuite inconscient et anéanti pendant des heures.

A Paris, les discussions de partis continuaient, sans qu’il fût beaucoup question des misères à