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L'ANARCHISTE

trons et d’ouvriers, de prolétaires et de bourgeois ! Plus de lois restrictives, ni de tribunaux de force armée gardant l’inique accaparement des uns contre la faim exaspérée des autres ! Plus de propriétaires ni de rentiers ! Plus de luxe ni de misère !… Si nous renversons aujourd’hui, c’est pour relever plus tard, c’est pour partager entre tous et guérir tous les maux terrestres !

» Je veux m’endormir dans cette vision de félicité ; je veux que, plus tard, les affamés se souviennent de moi comme d’un frère qui les aimait bien et qui est mort pour les défendre !… Hélas ! je n’ai pu faire beaucoup, je suis trop chétif, ici-bas… Cependant, mon âme était pleine de rêves fleuris : je voyais l’humanité entière à l’ouvrage, les bras de tous les êtres intelligents travaillant à la conquête du monde mystérieux. Plus de landes, plus de terres incultes, plus de montagnes géantes ! Les déserts se changeaient en vallées verdoyantes, les canaux étaient creusés partout, chaque force inutile était employée au service de nos besoins. Car aucun prodige n’est impossible à l’homme qui ne reste ignorant et inactif que parce qu’on n’a pas mis en lui la noble émulation, qui, seule, pousse aux grandes choses !

» Que les écoles et les ateliers soient librement ouverts et que l’enfant choisisse son métier. Il ne suffit pas de pouvoir payer l’instruction, il faut