Page:Vaudon - Monseigneur Henry Verjus, 1899.djvu/115

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
99
UNE ANNÉE DE PROFESSORAT

Il en a souffert. « On veut me diriger dans ma charge. Il me semble que ce serait faiblesse de me laisser faire. Sans blesser la charité, j’essaierai de ne dépendre que de mes supérieurs, à qui je veux être soumis plus que personne[1]. »

Cette juste indépendance lui attira bien des critiques : « O mon Dieu, quand donc pourrai-je faire le bien ouvertement ?… Eh quoi ! moi, pauvre petit mendiant que l’on garde par charité, je serai un objet de contradiction pour des hommes si savants, si avancés dans les lois spirituelles, qui disent la sainte messe tous les jours ! Je ne puis supporter cette idée ; aussi, me contentant d’en souffrir, je n’en parlerai plus à personne. Je suis méprisé, tant mieux ! Je surabonde de joie au milieu de ces premières épreuves qui sont mes premiers désenchantements[2]. »

Pourtant, il lui est arrivé de se plaindre à un confrère ami, quelquefois ; mais, comme il s’en repentait vite ! et quel ferme propos de ne plus pécher par la langue ! Lisez ce billet :

Mon bien cher Frère,

Je suis tout honteux et confus de la peine que je vous ai faite ce soir en promenade. Vous aviez droit à coup sûr de vous attendre à autre chose qu’à des propos aigres et peu charitables contre mes frères… Pardon, mon bien cher Frère !… Voyez ma faiblesse… Ayez pitié de moi…, mais de la bonne manière, en priant, et en me reprenant avec l’aisance d’un frère bien-aimé, car vous l’êtes pour moi. Pardon !… Je vous promets de me convertir sous ce rapport.

Maintenant, malgré ma faute, je dormirai tranquille. Assurez-moi que vous m’avez pardonné, aidez-moi et parlez-moi souvent comme ce soir.

Merci, de tout cœur, de tout le bien que vous me faites, et encore une fois, pardon !…

Tout vôtre dans le Sacré Cœur,

FR. ST.-H. VERJUS,
Miss, du S.-C.

Pardonnez… le quart d’heure est passé ; mais je n’aurais pu dormir !

  1. 17 mars.
  2. 17 et 29 mars.