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En maintes occasions et par suite sinon de faux rapports, du moins d’exagérations, il fut grondé. D’un mot il aurait pu se justifier : à l’exemple de Notre-Seigneur, il garda le silence[1]. Un jour, les reproches tombèrent de haut, et la blessure fut profonde. « Ah ! si l’on pouvait voir mon cœur !… Je le céderai forcément à tous en science et en vertu ; mais en affection et en respect et en vénération pour tous mes supérieurs, je veux être le premier[2]. » Il le fut toujours.

III

Le don, si précieux et si rare, de parler aux enfants et de leur révéler l’Idéal, la Beauté, la Bonté, le Sacrifice, le Sacré Cœur, Notre Seigneur Jésus-Christ, la très sainte Vierge, le frère Verjus l’avait à un rare degré. « Il me semble, disait-il, que je parlerais des jours entiers, sans tarir, sur des sujets de piété. » Et lui, d’ordinaire si modeste, si défiant de lui-même, ajoutait : « Je crois sentir en moi quelque chose de ce qui bouillonne chez Bossuet. Pourquoi n’arriverais-je pas, moi aussi ? Le bras de Dieu ne s’est pas rétréci : il se servira de moi pour montrer qu’il veut tout faire[3]. »

Le goût des livres sérieux l’a pris : il lit et relit le magistral ouvrage de l’abbé Dupanloup sur l’Éducation ; les Sources du P. Gratry lui révèlent tout un monde. Il comprend que l’idée de la science comparée est en soi une grande idée. Elle n’appartient pas au P. Gratry, encore bien qu’il l’ait mise en un plus puissant relief que personne ; elle est de Leibniz, de saint Thomas, de saint Augustin, de tous les maîtres. Qui pourrait nier la force et la splendeur que donnerait à une intelligence la concentration de toutes les sciences spéciales ? Quel service rendrait à la Vérité, à l’Église, à Dieu, un homme qui serait non pas seulement un mathématicien, non pas seulement un phy-

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  3. 19 avril.