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Page:Vaudon - Monseigneur Henry Verjus, 1899.djvu/118

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RETOUR A CHEZAL-RENOÎT

fois à désirer la mort pour jouir de la vue éternelle de la Vérité. Qu’ils sont heureux ceux qui voient déjà[1] ! »

Ce cri d’âme de notre jeune Frère nous rappelle cette belle parole de saint Augustin : « C’est en Dieu que resplendit la vérité, et l’âme ne sera pleinement heureuse que par Celui qui peut seul rassasier la soif qu’elle a de savoir : Illa est igitur plena satietas animarum, hæc est beata vita, pie perfecteque cognoscere a quo inducaris in veritatem[2]. »

Je ne sais si je me trompe, mais il me semble que ce chapitre de la vie de Mgr Verjus sera pour plus d’un de ses condisciples, et peut-être de ses maîtres, une révélation. D’autres surprises les attendent.

Ce n’est pas seulement le sens philosophique qui s’éveille dans le jeune professeur, c’est aussi le sens littéraire, au point qu’il se reproche, en termes exprès, d’aimer Virgile et Homère comme jamais il n’a aimé personne[3]. Il est tout heureux de sentir les beautés de La Fontaine, de Fénelon, de Lacordaire[4]

C’est dans son intelligence comme une invasion d’idées nouvelles, de belles clartés, de beaux rayons. « Je ne savais pas encore ce que c’est que le temps, ce que c’est qu’une âme, un bon livre : tout cela m’apparaît maintenant comme sous un nouveau jour. Je veux m’exercer à exprimer ma pensée avec concision, clarté et netteté[5]. » — « Je voudrais bien savoir faire des vers. Quelquefois il m’arrive des pensées vraiment belles : la mesure seule y manque. Il me semble que je la trouverais facilement. Je veux essayer. Rien n’est inutile au Missionnaire[6]. »

Ne voyons-nous pas de plus en plus le Frère cultivant son esprit dans tous les sens ?

  1. 30 décembre 1879 et 15 janvier 1880.
  2. Cf. De vita beata.
  3. 30 décembre 1879.
  4. 19 avril 1880.
  5. Ibid.
  6. 10 avril.