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Préface

I

« J’ai toujours beaucoup aimé les Vies de Saints, disait Mgr Dupanloup. Ce sont mes lectures de prédilection. Après la sainte Écriture, rien ne m’attire, rien ne me repose et ne me charme davantage. »

Dans le vrai, connaissez-vous rien qui soit plus utile aux âmes ? Il n’est pas un état de la vie chrétienne pour lequel on ne puisse y trouver consolation, encouragement, lumière. Sainte Thérèse les conseillait à toutes les âmes pieuses et très particulièrement aux âmes fatiguées[1].

Autrefois, tous les soirs, à la tranquille lumière de la lampe familiale, après la lecture du Livre de Raison, l’aïeule, d’une voix émue, lisait dans la Vie des Saints le récit du jour. Un moment le vieillard consolé entrevoyait une jeunesse immortelle ; le lendemain, plus vaillamment, l’homme mûr portait le poids du jour ; l’adolescent trouvait moins pénible et il trouvait glorieuse la lutte contre ses passions naissantes ; l’enfant lui-même apprenait à mieux connaître et à mieux aimer le Dieu dont le poète avait dit par la bouche d’un enfant comme lui :

Aux petits des oiseaux il donne la pâture,
Et sa bonté s’étend sur toute la nature[2].

Ces douces et fortifiantes lectures en valaient d’autres, hélas ! aujourd’hui plus communes, dont le moindre défaut est d’amollir les cœurs et d’énerver les courages. Tel roman dont les premières pages vous ont troublé délicieusement, vous laisse en proie à l’ennui des devoirs domestiques et à l’amer dégoût des vertus nécessaires.

  1. Voir dans la seconde édition de l’Histoire de sainte Chantal, par M. l’abbé Bougaud, une lettre importante de Mgr Dupanloup sur la manière d’écrire la Vie des Saints.
  2. Racine. Athalie, acte II, sc. viii.