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PRÉFACE


N’appuyons pas. Avouons plutôt qu’il serait injuste de nous plaindre. Au dix-neuvième siècle comme au dix-septième, nous aimons les saints. Et même, les âmes généreuses ne manquent point, qui se sont éprises de passion pour ces admirables natures, les plus tendres et les plus vaillantes que l’humanité ait produites. C’est une des raisons, entre bien d’autres, pour le dire en passant, qui nous font croire à notre pays. Assurément, la pratique féconde des vertus privées et des vertus sociales dont les saints nous ont donné de si beaux exemples, contribuera plus aux reconstructions de l’avenir que la politique desséchante et stérilisante.

A l’heure qu’il est, on n’étudie pas seulement l’histoire profane. On ne se contente même pas de rééditer les Pères de l’Église, les Conciles, les Docteurs, les théologiens, les auteurs ascétiques. A côté des savants qui déchiffrent les manuscrits, les inscriptions, les chartes, les médailles, il y a l’élite ardente de ceux qu’a séduits la radieuse beauté des saints.

Les « anciens » nous ont raconté avec quel enthousiasme fut saluée l’apparition d’un livre exquis entre tous : Sainte Élisabeth de Hongrie, la « chère sainte ». Ce fut dans le ciel de l’hagiographie comme une clarté d’aube nouvelle, un nouveau printemps, je ne sais quoi que l’on ne connaissait pas encore ; oserai-je dire, quelque chose de nuptial tout à la fois et de virginal ?

Depuis lors, et certainement sous l’influence bénie de ces premiers rayons, que de fleurs charmantes sont écloses, que de fruits savoureux ont mûri : sainte Chantal, sainte Monique, sainte Paule, saint Paulin, saint Jean, saint Dominique, saint François d’Assise, saint Bernard, saint Bernardin de Sienne..., le P. de Ravignan et le P. Lacordaire, Mgr Dupanloup et le cardinal Pie, Augustin Cochin et Montalembert ! Demain ce sera Louis Veuillot. Les belles monographies abondent ; la science hagiographique a été renouvelée.

Le temps n’est plus où le lecteur s’accommodait de ren-