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A TRAVERS LES OCÉANS

que-là. Il rentrera en France avec l’un des deux Frères coadjuteurs, son propre neveu ; le P. Navarre, le P. Cramaille et le frère Fromm se rendront à Batavia. Faut-il le dire ? La séparation fut douloureuse. « Nous avons souffert ensemble, lisons-nous dans des notes intimes, nos cœurs battaient pour le même objet, et, au moment où nous retombions dans l’incertain, dans l’inconnu, notre chef nous quittait, et nous allions rester dans l’inaction jusqu’à ce que des ordres nous arrivassent de France et qu’un nouveau supérieur nous fût donné. » Pendant les cinq jours qu’ils demeurèrent à Surabaya, les chers abandonnés furent traités par les Pères Jésuites avec une charité toute fraternelle. Le 10 janvier, ils reprennent la mer, et, le 13, ils sont à Batavia.

IV

Au moment de son départ pour la France, le P. Durin avait demandé à ses confrères de ne point quitter Batavia avant d’avoir reçu des ordres nouveaux. L’idée de renoncer à la Mission ne pouvait pénétrer dans ces têtes héroïques. Nous n’aurions point, se disaient-ils les uns aux autres, les mêmes motifs à faire valoir que nos devanciers les Pères Maristes et les Missionnaires de Milan. Nous n’avons eu personne de tué ni de mangé. Nous n’avons même pas été repoussés par les sauvages, puisque nous ne les avons pas encore abordés. Tous les moyens non plus n’ont pas été essayés. Qui sait si nous ne trouverons pas ailleurs, en Australie, par exemple, la route que nous cherchons en vain de ce côté-ci ? Attendons, sans découragement, les lettres de Rome ou d’issoudun. En attendant, ils se mirent, autant qu’ils le purent, au service de Mgr Glaessens ; mais leur ignorance des langues hollandaise et malaise limitait singulièrement leur ministère. Rapportons un épisode de leur vie sacerdotale ; ce sera comme un rayon dans ces pages sombres.

Le P. Navarre était à Buitenzorg, la résidence du gou-