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À TRAVERS LES OCÉANS

s’embarquent sans attendre la réponse de l’archevêque. A Macassar, ils apprennent que le bateau pour Amboine était parti depuis deux jours, ils auraient dû attendre durant vingt jours un autre départ ; mais, à peine installés à l’hôtel, le 31 décembre 1882, on leur apporte une lettre de Mgr Claessens. L’archevêque les avertissait qu’ils ne pouvaient passer dans les États hollandais sans la permission du gouverneur des Indes et que, pour exercer leur ministère, ils avaient besoin d’une autorisation du roi des Pays-Bas. Sa Grandeur engageait les Missionnaires à se rendre chez lui, à Batavia. Là, peut-être, trouveront-ils un chemin vers la Mélanésie.

Ce fut comme un coup de foudre. Pour la seconde fois, la Nouvelle-Guinée leur échappait. Ils devaient encore revenir sur leurs pas et sans savoir par où pénétrer dans cette Mission qui leur devenait d’autant plus chère que d’avance elle les faisait plus souffrir.

Pour comble de malheur, le supérieur retombe malade. Déjà, à Manille, il avait dû subir une opération cruelle. Un anthrax sur la poitrine s’était développé en des proportions inquiétantes partout, mais surtout en ces pays chauds. Un instant même, on avait craint la gangrène. Le chirurgien dut pratiquer une incision profonde. Le mal fut conjuré, mais les forces étaient perdues pour longtemps. Or, voici que le Père respire difficilement. Les jambes sont démesurément enflées, La saison humide et chaude où l’on se trouve l’affaiblit à vue d’œil. De plus, les angoisses morales le dévorent... Il sent qu’il ne résisterait pas longtemps à ce climat meurtrier, tandis que, dans les pays tempérés, il pourrait encore fournir, comme on dit, une bonne carrière. Que faire donc ? Faut-il abandonner la Mission ? Elle est, au moins de ce côté et au pied de la lettre, inabordable. Faut-il rentrer en Europe ou répondre à l’appel de Mgr Claessens et se relancer dans l’inconnu ?

Le bateau chinois, qui avait emmené les pauvres Missionnaires, avait déchargé ses marchandises, et il allait s’en retourner à Surabaya. On accompagnera le Père jus-