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LE SCOLASTICAT

II

Les vacances sont finies. On est rentré à Rome. Le chanoine Timon-David, directeur de l’Œuvre de la Jeunesse pour la classe ouvrière, à Marseille, prêche la retraite des scolastiques.

C’était un homme de Dieu. Sa parole primesautière, originale, abondante, par-dessus tout très simple et foncièrement évangélique, plaisait au frère Verjus. Elle lui fit du bien. C’est principalement au détachement du cœur qu’il s’appliqua. « A quoi donc ne suis-je pas encore mort ? Je désire aimer et être aimé… Je désire les missions et le martyre… Je laisse tout au Sacré Cœur. Trop heureux d’être à son service, je me regarderai comme très honoré à la dernière place du dernier Frère coadjuteur… Je veux cent fois prouver à mon Jésus que je l’aime. J’accepte tout. Je consens à n’être plus aimé et à ne témoigner à personne aucun signe d’affection particulière. Je consens, si le Sacré Cœur le veut, à ne pas aller aux Missions et à mourir, dans mon lit, entre deux tisanes, s’il le veut encore, pourvu qu’à ce prix le bon Jésus m’avoue un peu que je l’aime… Me voilà bien mort[1]. » L’âme exquise du Frère se trouble à la pensée que peut-être il a trop donné de son cœur à ses amis. Il faut aller en s’épurant, se dégageant de plus en plus de toute créature et surtout de soi-même : le religieux a été fiancé, comme une vierge chaste, à l’unique époux, qui est le Christ[2].

Il lui faut aussi se donner, s’immoler à l’Institut qui a tant fait pour lui et qui n’a pas renoncé à faire davantage encore. Que sont devenus tous les sacrifices qu’il a coûtés à la Petite-Œuvre et à la Société ? « Personne ici, mais littéralement personne ne doit être plus saisi que moi

  1. 10 octobre.
  2. II Cor., ii. — Despondi enim vos uni viro virginem eastam exhibere Christo.