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LE SCOLASTICAT

vous vous êtes manifestée de la sorte ? Merci, bonne Mère[1] ! » On fit de belles excursions à travers les escarpements et les ravins. Au retour, la voiture versa. Pas un rire de moins. D’ailleurs, point d’accident de personne. Le frère Verjus ne manqua pas d’attribuer cette sauvegarde à Notre-Dame de Vicovaro.

On passa les derniers jours d’octobre et les premiers de novembre, jusqu’à l’ouverture des cours, à visiter Rome, la catholique et la païenne. Le frère Verjus aurait dit volontiers comme Torquato Tasso : « Ce que je cherche en toi, ce ne sont ni tes colonnes, ni tes arcs de triomphe, ni tes thermes, mais le sang répandu pour le Christ, et les ossements des martyrs dispersés sur cette terre consacrée. » Quelles saintes émotions au Colisée ! C’était l’endroit de Rome qu’il désirait le plus visiter. Il salua tous les martyrs en leur demandant de lui obtenir du Cœur de Jésus ce qu’il appelle « la grande grâce[2] ». A Saint-Pierre-ès-liens, il baise les chaînes qui ont délivré le monde : « Quel immense désir j’ai ressenti d’être un jour enchaîné, moi aussi, pour le Sacré Cœur[3] ! » Un peu auparavant, il avait écrit : « Ah ! si, par ma mort dans les plus cruelles souffrances, je pouvais sauver une âme, une seule, je me mettrais moi-même entre les mains des bourreaux[4] ! » A la prison Mamertine, ce cachot souterrain où, par ordre de Néron, saint Pierre et saint Paul furent enfermés durant neuf mois avant d’être mis à mort, son âme chante encore et toujours la même strophe : « Avec quel bonheur j’ai baisé les murs de la prison ! Il me semble que je suis exaucé, lorsque, dans ces lieux sacrés, je pense aux Missions, au martyre, et que je demande ces grandes grâces[5]. » On raconte à Rome que saint Pierre parvint un jour à s’évader de la prison Mamer-

  1. 19 octobre.
  2. 18 octobre.
  3. 25 octobre.
  4. 11 octobre.
  5. 6 novembre 1882.