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Page:Vaudon - Monseigneur Henry Verjus, 1899.djvu/195

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ROME

tine. Il avait déjà franchi les portes et s’avançait vers la voie Appienne quand il vit Notre-Seigneur qui semblait se diriger vers la ville : « Seigneur, où allez-vous ? Domine, quo vadis ? » lui demanda-t-il, tout tremblant. Et Jésus lui répondit : « Je vais à Rome pour être crucifié de nouveau, puisque tu t’en vas. » Pierre comprit et il rentra pour mourir. « J’ai vu, écrit le frère Verjus, la chapelle du Quo vadis, où l’on conserve l’empreinte des pieds de Notre-Seigneur. J’ai dit au bon Jésus : « Où allez-vous, bon Maître ? — Je vais à la conquête de l’univers, et, puisqu’on me repousse ici, je vais, là-bas, chercher des nations jeunes et ferventes. — Mon Jésus, j’irai avec vous pour ces pauvres âmes[1]… » Les heures qu’il passera dans les catacombes, « ce reliquaire immense », il les appellera « des heures de paradis[2] ». Nul plus que lui, peut-être, n’a mis à profit, du moins dans l’ordre surnaturel, la grâce d’habiter Rome. Quand il visitera le Vatican, sans doute, comme un autre, il admirera Michel-Ange et Raphaël, André Sacchi et Pérugin ; mais, dans les œuvres de ces maîtres, d’instinct, son cœur cherchera les apôtres et les martyrs. A Saint-André du Quirinal, au noviciat des Jésuites, il s’agenouillera, l’âme illuminée et le cœur ravi, dans la chambre où saint Stanislas Kotska rendit le dernier soupir. Rentré dans sa cellule, il écrit : « Quel parfum de piété et de pureté ! En baisant les pieds du cher saint, je l’ai supplié de m’obtenir la grande grâce et l’insigne faveur de garder la sainte pureté toute ma vie[3]. » Là, il a entendu le Laudate du maestro Capocci : « C’était céleste », dit-il. Et, d’un coup d’aile, son âme montait au paradis : « Mon Dieu, comme l’on chantera bien chez vous, puisque l’on chante déjà si bien sur la terre ! »

  1. 14 décembre 1882.
  2. 9 avril 1883.
  3. 13 novembre 1882.