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LE SCOLASTICAT

bouillante. Ici, un amputé ; là, un moribond… J’ai vu tous les instruments qui servent aux opérations… Je suis sorti de plus en plus persuadé que le vrai Missionnaire ne doit rien ignorer[1]. »

C’est à cet hôpital, où saint Louis de Gonzague portait les lépreux et les pestiférés, qu’il se rendait pour son « apprentissage ». « Quelle consolation j’ai goulée ce matin en me rappelant saint Louis de Gonzague près du lit de ces pauvres malades ! Je me figurais servir Jésus-Christ et faire mon apprentissage pour les Missions. J’étais si heureux que j’y serais resté toute la journée. J’ai lavé et peigné douze personnes qui en avaient grand besoin, essayant de faire du bien à l’âme en même temps qu’au corps.» L’un de ces malades, ancien soldat du Pape, était indisposé contre Léon XIII qui ne lui continuait pas, disait-il, une pension de vingt francs à laquelle Pie IX l’avait habitué. Le frère Verjus lui fait comprendre que, par suite de l’invasion piémontaise, le Pape se trouve singulièrement réduit et forcé à de douloureuses économies. Il parait que le bon Frère fut persuasif, car le malade reporta son indignation sur les spoliateurs[2].

Les infirmes aimaient à voir le frère Verjus au milieu d’eux. Il allait de l’un à l’autre avec une aisance parfaite. « Comme on se sent le cœur à l’aise quand on a versé un peu de bonheur en des âmes affligées ! Pauvres gens, comme notre sympathie les touche ! Ils n’en croient pas leurs yeux. Je leur dis que nous sommes très honorés de pouvoir leur rendre ces petits services, que c’est pour nous un vrai bonheur, et ils sont touchés. Oui, mon Dieu, c’est un honneur pour moi de porter ces cœurs vers vous, en leur faisant aimer vos ministres qu’ils ne voient que de loin et à travers un voile bien épais de calomnies et de préjugés[3]. » Il avait pour tous et pour chacun d’encourageantes ou de consolantes paroles. Il en a récon-

  1. 18 décembre 1882.
  2. 9 février.
  3. 30 novembre 1882.