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ROME

la vie de Notre-Seigneur et de Notre-Dame, les vérités et les mystères de notre sainte religion. Quand une fois il les avait découvertes, il n’avait de repos qu’après leur acquisition. Ses amis d’Annecy et ses parents lui venaient en aide, et, à chaque fois, il triomphait. Ces tableaux, le Frère les classait les uns d’après l’ordre logique, les autres chronologiquement. En regard, en gros caractères, en diverses couleurs, il inscrivait la narration ou l’exposition. Il avait par-dessus tout le souci d’être clair. « Croyez-vous, demandait-il souvent à ses condisciples, que mes sauvages comprendront ? » S’il y avait quelque hésitation dans la réponse, il recommençait la rédaction. Que de moments libres il a consacrés, que de promenades il a sacrifiées à ce volumineux travail ! » Notre correspondant dit bien : sacrifiées. Il faut connaître la vie des étudiants à Rome, renfermés presque tout le jour dans leurs chambres ou leurs salles communes, — les jardins et même les cours étant rares dans les communautés religieuses et les collèges, — pour apprécier la valeur de la promenade quotidienne le long des rues de la Ville Eternelle ou dans les villas, et, par conséquent, pour comprendre quel acte de renoncement faisait le frère Verjus en restant à la maison.

C’est encore en vue des Missions qu’il demanda l’autorisation d’aller aux hôpitaux pour y apprendre à connaître les maladies et à soigner les malades. Sa première visite fut pour l’hôpital de la Consolation, près du Capitole, cet hôpital que le gouvernement piémontais a fermé naguère, faute de ressources. Des victimes d’accidents de tout genre, des centaines de blessés y étaient admirablement soignées par les Filles de Saint-Vincent de Paul. On y voyait des plaies répugnantes, la misère noire, souvent la vermine la plus immonde. Le frère Verjus était à l’aise dans ce milieu. « O mon Dieu, écrit-il, que ce spectacle est navrant ! Là, un enfant qui s’est déchiré les entrailles en tombant sur des éclats de verre ; là, un jeune homme qui s’est brûlé les mains et la figure dans une chaudière