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LE SCOLASTICAT

vaut mieux que ce soit moi qu’un autre… Les autres convertiront et baptiseront les sauvages[1]. » Le 24 avril, c’est un prêtre, parti de Barcelone pour Port-Breton en qualité d’aumônier de la colonie, qui fait sa rentrée en France. Lui aussi apporte de mauvaises nouvelles. Rien ne trouble ni n’ébranle l’intrépide scolastique. Écoutons-le : « Pauvre prêtre, comme il a souffert ! Sa figure est pâle et amaigrie… Sa vue, loin de me décourager, m’a rempli d’un nouveau courage. Je cherche des souffrances pour expier mes fautes, sauver les âmes et réparer les outrages faits au Sacré Cœur. Mes chères Missions sont un bon moyen d’en avoir. On dit de tout côté : La position n’est pas tenable. La Nouvelle-Guinée n’est pas habitable. Le P. Durin revient. M. D*** revient. Qu’est-ce que cela prouve ? Rien. Le Sacré Cœur a ses vues. Tôt ou tard, elles se feront jour à travers tous ces événements. Mon Dieu, je ne puis croire que tout ce que vous m’inspirez au sujet de mes chères Missions, depuis que je sais penser et aimer, soit un pur effet de mon imagination exaltée. Vous avez vos desseins, mon Dieu ; je les sens, je les entrevois de temps à autre, et je veux les suivre, coûte que coûte, selon la sainte obéissance que je vous ai jurée[2]. » Le 1er mai, on reçoit une lettre du frère Mesmin Fromm. Les Pères sont toujours à Batavia, où ils attendent des ordres pour aller plus loin. Il paraît qu’autour d’eux on ne croit guère à la possibilité de la Mission. « Toujours le même refrain, écrit le frère Verjus. On ne sait pas encore ce que peut faire Notre-Dame du Sacré-Cœur, quand il s’agit de la gloire du Cœur de Jésus, recherchée, malgré tout, à travers les croix et les sacrifices. O mon Dieu, quand donc enverrez-vous à ces pauvres sauvages l’homme de votre Cœur ? Préparez-le, mon Dieu, et permettez que je sois son serviteur, que je le connaisse, que je le serve, que je l’aime et que je meure sous ses ordres[3] ! » Il est là-

  1. 19 février.
  2. 24 avril.
  3. 1er mai 1882.