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Page:Vaudon - Monseigneur Henry Verjus, 1899.djvu/262

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À LA CONQUÊTE D’UN MONDE

Toutes les larmes n’ont pas été versées. Plus d’une épreuve encore attend nos Missionnaires. À peine descendu à Bourbon, tandis que, lentement, le P. Couppé se relève, le P. Verjus tombe, saisi par la fièvre, et va rejoindre à l’hôpital le cher convalescent. On séjournera un mois dans l’île. Là, comme à Marseille, nos malades rencontreront des âmes compatissantes, des cœurs dévoués. Leurs lettres sont pleines des noms de M. Chalvet, vicaire général, qui a hébergé le P. Couppé durant sa longue convalescence, des Pères du Saint-Esprit qui ont traité en frères le P. Verjus et les trois coadjuteurs, des Filles de Marie dont on peut dire qu’elles ont poussé la charité à ses dernières limites à l’égard des Filles de Notre-Dame du Sacré-Cœur.

Une des plus suaves consolations du P. Verjus pendant cet arrêt forcé fut de constater combien la très sainte Vierge était aimée à la Réunion sous le titre de Notre-Dame du Sacré-Cœur. « Où que vous alliez, écrit-il à un confrère[1], vous voyez son image et vous entendez des cantiques. » Là où Notre-Dame du Sacré-Cœur est vénérée, le Cœur de Jésus n’est pas délaissé. Un jour que le Père visitait la léproserie de Saint-Bernard dans la montagne qui avoisine Saint-Denys : « Quelle ne fut pas, dit-il, ma douce surprise lorsque, après le Salut, j’entendis ces pauvres lépreux chanter le cantique du Sacré-Cœur, Place moi dans ton Cœur, avec un entrain extraordinaire[2] ! »

Le 7 janvier, on est à bord du Calédonien. Dans une vingtaine de jours on débarquera à Sydney. Peu ou point d’incidents notables pendant la traversée. Nous voyons le P. Verjus fidèle à ses exercices de piété et à la règle qu’il s’est tracée. Les monotonies de la vie de bord favorisent son amour du recueillement. Presque tous les jours il peut dire la messe. « Quel bonheur pour moi de célébrer tous les matins le saint sacrifice sur cette grande mer où peut-être jamais Notre-Seigneur n’est descendu !

  1. Le R. P. T…, en date du 6 janvier 1885.
  2. Même lettre.