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CHEZAL-BENOÎT

le Missionnaire versera son sang ! Quelle vie ! Quelle mort ! Quel triomphe ! Et tout cela était dit avec tant de conviction, un témoin écrit « avec tant de certitude de l’avenir », que les auditeurs en étaient stupéfaits, quelques-uns embrasés. Toutefois, plusieurs, même parmi ses amis, trouvaient ces belles ardeurs exagérées, et chimériques ces beaux désirs, d’autant que notre petite société n’avait pas encore de Missions étrangères, et que rien ne faisait pressentir qu’elle dût en avoir de sitôt. Henry laissait protester les esprit rassis et rire les railleurs. Il n’en continuait pas moins de vivre dans son rêve, d’aimer ses amis et de se dévouer à tous.

VII

Les joies de la Petite-Œuvre ne lui faisaient point oublier sa famille. Il écrivait, à sa mère, en italien, des lettres parfois délicieuses :

« Ma très chère maman, j’ai prié pour toi afin que le Sacré Cœur te guérisse du mal de tête ; mais, si Dieu veut que ce soit là ta croix, accepte-la de bon cœur, car chacun doit avoir sa croix en ce monde… Je prie beaucoup pour toi, parce que, quand j’étais encore à la maison, souvent je t’ai fait mettre en colère ; mais, maintenant, je vois bien que tu avais raison[1]… »

« … Que le Cœur de Jésus te bénisse, ma très chère maman, pour toutes les bonnes choses que tu m’as dites dans ta lettre ! Tu as l’intention de venir me voir. Oh ! ma mère, viens, viens vite ! Quand tu seras ici, j’aurai de grandes choses à te dire[2]… »

Et, en effet, le pieux et candide enfant rêvait de voir sa mère sous les livrées des Filles de Notre-Dame du Sacré-Cœur et son frère, coadjuteur des Missionnaires. « Oh ! mère, disait-il, quel bonheur ! Tous les trois à Issoudun !

  1. Lettre du 2 mai 1875.
  2. Lettre sans date ; elle est de juin ou de juillet 1876.