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VOYAGE EN EUROPE

naires de France, d’Irlande et de Belgique, cette parole du Pape qui ressemble à un appel : « Vous êtes trois prêtres dans ce vicariat immense. Il faut que vous soyez trente ! » ; mourir, quand on est venu pour ravitailler les chers compagnons qui ont faim là-bas et qui vous attendent…

Mourir, et de quelle mort !

Avoir rêvé, depuis l’enfance, le martyre ; en porter avec soi la pensée frémissante et en quelque sorte haletante, l’obsession et la hantise ; en avoir faim, en avoir soif ; le demander à Dieu partout, le demander toujours ; le demander comme la grâce des grâces, le demander « long, cruel, délaissé, ignoré » ; en avoir par avance comme une certitude éblouie ; en faire l’apprentissage sur terre, sur mer, dans les forêts, dans les marécages, dans les intempéries, les maladies et les privations, parmi les civilisés, parmi les barbares ; l’ébaucher dans sa chair en y gravant les stigmates du Christ, et mourir tranquillement au pays natal, entre les bras d’un ami, sous le baiser de sa mère !

Quelle mort !

Et quel martyre !

Martyr, oui ! De ne l’être pas, vous l’êtes, ô Stanislas-Henry ! Vous l’êtes par les ardeurs de votre foi. Vous l’êtes par les embrasements de vos désirs. Vous êtes le martyr de l’apostolat. Vous êtes le martyr de la pénitence. Vous êtes le martyr de la charité. La mesure est comble. Il ne vous reste qu’à recevoir la couronne de justice et à prier pour nous.