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LA PETITE-ŒUVRE

Georges Mayer, les besognes les plus répugnantes. C’était pour sa charité une trop bonne aubaine. Jour et nuit, au moindre appel, il était là, toujours affable, toujours souriant, tendre comme une mère, et d’un entrain qui faisait l’admiration de tous.

Sans doute la charge était rude. Il le sentait quelquefois. « Les malades me donnent bien de la peine, écrit-il le 2 janvier 1877[1] ; mais je serais si heureux, de tomber à leur service ! Ils ne savent pas combien je les aime. » Il est exaucé. La fièvre le reprend de temps en temps. Il faut s’aliter. « Elle m’a cloué deux jours. Quelle mortification de me voir, moi aussi, là, sur un lit ! J’ai lâché cependant de profiter des consolations qu’hier je donnais aux autres. Mais, j’ai reconnu qu’il est plus facile de donner des conseils que de les suivre[2] . »

Et il se remet à la besogne avec courage, nous allions dire avec une verve joyeuse. « Je suis tout heureux, écrit-il à son cher parrain, de soigner ces bons malades. J’en remercie bien le Sacré Cœur. A celui-ci il faut mettre une emplâtre ; à celui-là il faut donner un bain ; à cet autre un gargarisme. J’ai toute une pharmacie. Je considère les deux chambres qui composent l’infirmerie comme mes maisons, et il faut que tout aille à merveille[3] . »

À coup sûr, tout, allait bien pour le dévouement. Par exemple le succès dans la préparation des aliments n’était pas toujours à la hauteur de la bonne volonté. Il arriva plus d’une fois que le lait fût brûlé, au désespoir de Henry qui croyait avoir fait merveille. Alors, pour réparer, il le croyait du moins, sa maladresse, il le saturait de sucre, au risque d’entendre les reproches de la Sœur cuisinière qui se lamentait du gaspillage.

Ajoutons que si, d’aventure, le lait était imbuvable, Henry le réservait pour son propre déjeuner, et c’était pour lui un régal. C’était le comble de la joie de dîner

  1. Dans son journal.
  2. Lettre à M. C…, du 26 novembre.
  3. Même lettre.