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CHEZAL-BENOÎT

ressens au fond de mon cœur pour toi. Mais, hélas ! Une grande tristesse vient se mêler à ce bonheur que j’éprouve en t’aimant. Tu ne comprends peut-être pas ce que je veux te dire. Je n’ose te l’expliquer, craignant de me mêler d’affaires qui ne me regardent pas. Ah ! mon frère, mon frère très cher, mon frère bien-aimé, elles me regardent cependant, ces affaires, puisque je suis ton frère. Pardonne-moi donc de te supplier de te confesser et de communier plus souvent. Promets-moi de le faire au moins six fois par an. Le démon voudrait te perdre. Oh ! mon frère, je t’en supplie, combats, combats contre lui. Sois fier d’être chrétien et écoute toujours les conseils de notre bonne et sainte mère. Elle m’a dit que tu étais bon pour elle et que tu ne lui désobéissais pas. mon cher frère, continue. Aime Dieu et ta mère. C’est là ton grand devoir[1]. »

VIII

Les dernières lettres de cette année 1876 nous montrent Henry Verjus dans tout l’éclat de son premier dévouement.

Au commencement de l’hiver, une sorte d’épidémie : fièvre scarlatine, fièvre tierce, fièvre intermittente, toux opiniâtre, tomba sur l’École apostolique et désorganisa les classes. Sur quarante élèves, une douzaine au moins étaient au lit. On les avait installés à l’autre bout de la maison, dans les bâtiments les plus reculés, afin de préserver ceux que le mai n’avait pas encore atteints. Henry Verjus paya l’un des premiers son tribut à la contagion. « J’ai été malade quatre jours, écrit-il à sa mère[2] ; maintenant tout est passé. Je soigne les autres. » À peine remis, il voulut être l’infirmier de tous. On le voyait du matin au soir faire le trajet, qui était considérable, de la cuisine à l’infirmerie, portant aux malades remèdes et aliments. Il faisait les lits et ne cédait à personne, pas même à son compagnon d’infirmerie et de sacrifice,

  1. Octobre 1876.
  2. Lettre du 26 novembre.